Loi handicap : Les parents en situation de handicap exclus du droit à compensation !

La loi handicap du 11 février 2005 permet aujourd'hui l'octroi d'aides pour compenser les surcoûts liés au handicap. Toutefois, certaines dispositions restreignent son champ d'application. Ainsi les parents en situation de handicap se voient refuser ces aides humaines pour les aider à s'occuper de leurs enfants. Une injustice réelle et une remise en cause du principe de projet de vie établi par la loi. Quel droit à la parentalité pour les personnes en situation de handicap ? Deux mamans témoignent.

"J'ai eu "l'outrecuidance" de penser que je pouvais être femme et mère en étant handicapée !"
Barka, 41 ans, est maman de 3 enfants de 10 ans, 7 ans et 6 mois. En situation de handicap, elle a besoin d'une aide humaine pour la soutenir dans son quotidien et l'aider à s'occuper de ses enfants. Aujourd'hui, elle est dans une impasse, la nouvelle loi handicap ne prévoyant pas d'aide à la parentalité ! Elle explique : "Cette loi prévoit des aides pour travailler, avoir des activités sociales...mais pas pour élever des enfants. Avoir une famille serait moins honorable ? Où est l'égalité des chances ?"
Barka renchérit : "Avant d'être handicapée, je suis une femme, et j'ai droit à la maternité. Mais là c'est comme si on me refusait ce droit ! Et mes enfants, eux, n'ont donc pas droit non plus à une prise en charge sécurisée ou à un accompagnement dans leur vie sociale ? Par exemple, comment faire pour accompagner mes deux grands garçons au basket et en même temps le plus petit chez la nourrice ? Je dépends du bon vouloir des gens ! Pourtant je refuse la charité !" Une situation qui devient ingérable et qui lui fait peur pour l'avenir : "Mon mari travaille, et m'aide comme il peut. Mais je ne veux pas lui imposer d'être mon aide humaine, j'ai peur que cela brise mon couple. Quant à ma santé, elle risque de se dégrader si je continue à dépenser mon énergie ainsi contre l'avis des médecins qui souhaitent que je m'économise !" Une situation qui l'inquiète d'autant plus qu'elle va reprendre son travail début octobre : "Je souhaite continuer à travailler, exercer mon rôle de maman et de femme, je dois aussi m'occuper de moi – me laver, m'habiller, même si c'est très fatigant – comment je fais sans aide ? Ma famille en fait actuellement les frais. A chaque coup de téléphone, mes enfants me demandent si on m'a accordé une aide et ne comprennent pas pourquoi c'est impossible !" Barka attend donc que son dossier soit étudié par la maison départementale des personnes handicapées, en espérant bénéficier d'une dérogation. Une solution qui serait certes bienvenue mais ne règlerait en rien la situation de toutes les personnes en situation de handicap qui, comme elle, revendiquent le droit fondamental d'être parents.

 

"Aujourd'hui je vis dans l'incertitude !"
Stéphanie, 35 ans, attend son 1er enfant. En situation de handicap, elle précise : " C'est un désir de femme et de couple avant tout !" . Elle en est à son 6ème mois de grossesse, une grossesse qui se passe sans problème, mais qu'elle vit aujourd'hui assez mal. Elle explique : "Depuis trois mois je fais des démarches pour avoir une aide lorsque mon bébé sera à la maison. Du côté de la maison départementale des personnes handicapées, on me dit que rien n'est prévu dans la loi, et on me renvoie sur la CAF et le CCAS. Du côté de ces services, on me dit de m'adresser à la MDPH ! Cette situation me pompe toute mon énergie et m'empêche de profiter de ma grossesse !" .
Depuis des semaines, des intervenants sociaux et médicaux viennent la voir : "J'ai l'impression d'être constamment évaluée et jugée, et tout ça pour rien ! Je suis encore dans l'incertitude. Mon ami se propose d'arrêter de travailler pour m'aider, ce n'est quand même pas une solution !" Et de conclure : "Je croyais avoir le droit d'être maman et que la société favorisait l'égalité des chances !"

 

Face à ces situations inadmissibles, l'APF demande la reconnaissance du droit à la parentalité des personnes en situation de handicap. Une reconnaissance qui passe par la publication d'urgence d'un décret rectificatif afin de permettre aux parents en situation de handicap de bénéficier de la prestation de compensation.

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