Conférence nationale du handicap : Nicolas Sarkozy entre condescendance et vacuité

Alors que Nicolas Sarkozy vient de prononcer son discours à la Conférence nationale du handicap, l'APF tient à réagir à ses propos :
- Une approche condescendante à l'opposé de la vision que défend l'APF des personnes en situation de handicap !
- Aucune annonce concrète en matière de vie à domicile, de scolarisation et d'accessibilité !
- Un vrai flou concernant l'emploi
- Une conception partielle, catégorielle et très insuffisante en matière de ressources !

Condescendance...
D'après Nicolas Sarkozy, côtoyer une personne en situation de handicap est une chance car les personnes handicapées sont généreuses, consciencieuses et joyeuses !
D'après l'APF, les personnes en situation de handicap sont d'abord des personnes, avec défauts et qualités, ni sous-hommes, ni sur-hommes !

 

Rien sur la vie à domicile, scolarisation et accessibilité
Si le président de la République a rappelé les principes de la loi de 2005, aucune mesure concrète n'a été annoncée, alors que l'APF demande notamment :
- Le financement intégral par la solidarité nationale de toutes les dépenses liées aux conséquences du handicap dans le cadre du nouveau champ de protection sociale d'aide à l'autonomie, et l'élargissement du panier de biens et services dans le cadre de ce nouveau champ de protection sociale.
- L'augmentation du nombre d'auxiliaires de vie scolaire afin de parvenir à une réelle adéquation avec les besoins des enfants et définir une réelle qualification.
- La mise en place d'un dispositif d'incitations / sanctions pour impulser les obligations liées à la loi du 11 février 2005 : commissions communales d'accessibilité, schémas directeurs d'accessibilité, délais pour les établissements recevant du public existants, et la création d'une Agence nationale pour l'accessibilité universelle rattachée auprès du Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire ayant pour mission de suivre la mise en place des dispositifs de la loi, d'offrir des financements complémentaires et d'apporter tous les outils méthodologiques.

 

Le flou dans l'emploi
Un meilleur accès à l'emploi, des dispositifs d'accompagnement notamment pour la formation professionnelle... de bonnes idées mais quelle application concrète ?
L'APF demande des précisions et la révision de décisions contraires à l'engagement politique du président : revoir le décret concernant l'accessibilité des locaux de travail existants, revenir sur la prise en compte des postes d'AVS dans le calcul de la contribution de l'Education nationale au FIPH.

 

Une conception partielle, catégorielle et très insuffisante en matière de ressources !
Une réforme de l'AAH, la catégorisation entre personnes employables et inemployables, la confirmation des 25% d'augmentation sur 5 ans...
Mais quid des pensions d'invalidité, des rentes d'accident du travail, de la prise en compte des revenus du conjoint ?
Et de quoi vont vivre les personnes déclarées employables qui n'auront plus accès à l'AAH ?
Et quel avenir pour celles qui ne peuvent travailler : toujours le sous le seuil de pauvreté ?
L'APF réaffirme ses revendications : la création d'un revenu d'existence égal au SMIC brut pour les personnes en situation de handicap ne pouvant pas ou plus travailler ; l'assouplissement dès le 1er juillet 2008 des critères d'accès au complément de ressources de l'AAH : supprimer le critère du logement indépendant, prendre en compte les difficultés durables pour accéder à un emploi, permettre l'accès au complément de ressources pour les bénéficiaires de pension d'invalidité ou de minimum vieillesse dont les ressources sont inférieures à 80 % du SMIC (montant de la garantie de ressources).

 

Rappel :
73% des personnes en situation de handicap déclarent n'avoir rien vu changer dans leur vie quotidienne depuis la loi handicap de 2005 ! Pire, leurs conditions de vie se sont dégradées pour plus de la moitié d'entre elles !
A la question : selon vous, sur le dossier du handicap, quelles mesures le gouvernement devrait-il prendre en priorité ? Les personnes répondent en première citation (62%) : un revenu d'existence égal au SMIC brut pour les personnes qui ne peuvent pas ou plus travailler.
Viennent ensuite dans l'ordre des priorités :
- Un meilleur remboursement des soins et des matériels non pris en charge
- La mise en place d'un dispositif d'incitations et sanctions pour impulser une vraie politique de mise en accessibilité des lieux, établissements et transports
- Des solutions de répit pour soulager les familles
- Un dispositif de soutien à la recherche d'emploi
- La prise en compte des dépenses liées aux activités domestiques et à la parentalité dans la prestation de compensation du handicap
- Une meilleure adéquation des affectations d'auxiliaires de vie scolaire au regard des besoins
Des priorités un peu différentes pour les parents d'un enfant en situation de handicap qui, s'ils classent le revenu d'existence en n°1, considèrent ensuite prioritaires : des solutions de répit pour soulager les familles ; et à égalité une meilleure adéquation des affectations d'auxiliaires de vie scolaire au regard des besoins et un meilleur remboursement des soins et des matériels non pris en charge.

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